Bienvenue dans la dose !
Ici, on va prendre un léger virage. En soit je ne change pas grand chose mais je sens que j’ai besoin de l’annoncer pour pouvoir me sentir plus libre de vous partager ce que j’ai envie de vous partager.
Vous le savez surement, la principale partie de mon activité c’est d’aider les personnes sexisées à développer leur projet entrepreneurial. Que cela soit via du coaching, des ressources ou des espaces collectifs, c’est ce que je fais depuis quelques années maintenant.
En parallèle, dans la Dose, j’ai continué de partager toutes sortes de réflexions théoriques et pratiques pour que l’on se fasse plus de place globalement dans notre vie de tous les jours (notamment plus de place à notre plaisir).
Et aujourd’hui, ici aussi j’ai envie de mettre l’accent sur ce à quoi je passe le plus de mon temps : allier entrepreneuriat et valeurs de gauche.
Je sais qu’un bon nombre d’entre vous êtes indé, freelance, entrepreneur•e et que, parler plus concrètement de ce sujet ici, ça va être utile.
Et même si vous ne l’êtes pas, restez encore un peu par ici car comme je vous l’ai dit plus haut, au final c’est juste un léger virage. Et, qui sait, ça pourrait bien vous parler aussi !
Quand j’ai commencé mon activité d’indé, j’ai eu de réelles questions sur comment gagner de l’argent avec mon business sans devoir mettre mes valeurs de côté.
Dans les espaces mainstream de l’entrepreneuriat, ce qu’on a l’habitude de conseiller c’est de développer des offres plutôt standards dont le but est de garantir un revenu toujours croissant, au détriment parfois de nos besoins et de ceux des autres.
Pour réussir à vendre nos services ou produits, la principale solution (voir unique) qu’on nous propose c’est un marketing qui se base sur les peurs de nos potentiels clients et sur l’immense risque qu’iels encourent si iels passent à côté de ce qu’on a à vendre.
Le capitalisme qui nous créé des insécurités et joue avec elles afin de nous faire acheter un sentiment éphémère d’être “enfin assez bien” c’est pas nouveau. Et pour la personne qui vend il y a de ça aussi.
Cette manière de faire a toujours sonné faux dans mes oreilles. Les valeurs qui glorifient le néolibéralisme, les “quand on veut, on peut”, les grands effets WOW ou encore l’absolu goal d’un business qui explose en trois mois, c’est certes charmant, mais pas vraiment en phase avec ma vision de la vie.
Surtout qu’avec quelques recherches, on se rend compte que c’est pas tout à fait ça l’entrepreneuriat et que ces beaux discours nous atteignent en fait car celleux qui les diffusent on surtout beaucoup de visibilité.
Les stats sur l’entrepreneuriat sont assez variables. En moyenne, il faut 2 à 5 ans pour vivre de son business et seulement 50 à 60% des entrepreneureuses passent la barre des 5 ans. Donc l’effet wow et le business qui explose en 3 mois pas sur que ça soit vraiment durable, ni une bonne idée.
Cela fait maintenant un peu plus de 5 ans que je suis indé, et non seulement mon activité est militante mais je réunis tout un ensemble de personne qui elles aussi allient valeurs de gauche et entrepreneuriat.
Si vous vous posez la question, oui je gagne de l’argent avec mon travail et il semblerait que son modèle ait un chouette avenir qui se profile.
Quand j’y repense, je me suis un peu lancée dans le vide en 2019, je n’y connaissais rien ! Un peu saoulée de ne pas trouver de ressources qui me parlaient et déjà fatiguée par les formations “pour les entrepreneurs du bien-être” ou par les coach business qui ont réponse à tout (je me suis quand même faite avoir quelques années plus tard), j’ai tapé “feminist business” sur internet. Et là je me suis dit yes, allier valeurs de gauche et business c’est possible et d’autres personnes le font déjà très bien.
J’ai trouvé des dizaines et dizaines de ressources, d’outils ou de réflexion dans les mouvements de business alternatif (anti-capitaliste, décoloniale et féministe).
J’ai aussi au fur et à mesure compris que beaucoup de principes que l’on retrouve dans l’activisme sont aussi valable pour mener nos projets.
Aujourd’hui, il y a 3 choses qui me semble importantes d’intégrer si vous avez des valeurs de gauche et que vous voulez mener votre barque entrepreneuriale :
“Move at the speed of trust”
dit adrienne maree brown
1) ça prend du temps, prenez votre temps !
Chaque petite pierre compte, chaque baby step aussi. Avancez doucement mais surement pour que ce que vous créez ait de solides bases et que les capacités de votre système nerveux s’adaptent avec vous sur le chemin. Prenez le temps d’aller à votre rythme et intégrer cela dans le système de base de votre activité pour qu’elle se construise sur votre temporalité. Prenez le temps de créer de vraies relations avec les personnes à qui vous vous adressez et celle que vous touchez (et qui vous touchent aussi, c’est vice et versa). Dites vous qu’il vaut mieux être encore là dans 5 ans que de faire le buzz dans 3 mois pour disparaitre ensuite tout cramé•e.
2) Entourez vous d’entrepreneur•euses qui partagent les mêmes valeurs.
C’est la meilleure chose que j’ai faite pour mon activité. Cela m’a permit de voir que gauche et business c’est possible et faisable. S’entourer c’est un formidable moyen de garder la confiance quand à notre vision et nos ambitions. Entourez vous d’autres indé qui en sont au même stade que vous ou qui se trouvent un peu plus loin ou qui débutent. Pensez coopération plutôt que compétition. Il y a de la place pour tout le monde et vous faire de la place fera aussi de la place à d’autres. Pensez réseau, aller boire des cafés juste pour causer d’expériences communes et si les personnes sont plus loin faites des cafés virtuels. Le boys club c’est pas pour rien que ça marche, réseautez avec les bonnes personnes, celles qui vous inspirent et vous motivent.
3) Expérimentez et trouvez votre manière de faire.
Dans le business mainstream on nous dit “c’est comme ça qu’il faut faire”. Sauf que c’est faux. C’est pas parce qu’une manière de faire marche pour une personne qu’elle va marcher pour vous. Essayez, expérimentez et trouver ce qui vous convient à vous. Cela peut prendre du temps, on l’a dit plus haut, et vous confrontez au perfectionnisme ou à la peur de l’échec. La réussite du premier coup c’est très français culturellement. Dans plein d’autres cultures, l’échec c’est pas vu comme un échec justement, mais plus comme la réussite d’avoir tenté. Faire d’abord et se poser des questions ensuite ça peut être une très bonne stratégie, surtout quand on a été éduqué à toujours se remettre en question. Et si vous tomber dans le doute, n’oubliez pas vous vous êtes bien entouré•es dans le point 2, c’est l’occasion d’aller boire un café !
Cette semaine dans les Collectives, on a bossé nos visions avec chacun des groupes. Quelque chose en quoi je crois et que je rêve de voir pousser partout, ce sont vos projets. J’ai envie que vous puissiez gueuler sur tous les toits ce que vous faites et comment vous le faites. J’ai envie que vous preniez de la place et que vous en fassiez à d’autres meufs et à d’autres personnes qui pensent qu’on peut faire du biz autrement.
Histoire de bien remettre à leur place tous les cis dudes qui m’ont dit “hmm le business c’est pas de la politique” et de leur montrer que ce qui se fait ailleurs dans le monde, on est capable de le faire aussi ici. Puisqu’on le fait déjà !
Je vous dis à bientôt pour la suite du virage de la Dose. Vos retours sont toujours bienvenus, ici ou sur les réseaux, j’aime causer avec vous.
Merci d’avoir lu La Dose,
xx
MERCI je partage ❤️
Mais MERCI Chloé ! J’adore ce virage, et j’ai hâte de voir la suite🔥