Bienvenue dans la Dose, la newsletter féministe qui fait plaisir.
Merci d’être là !
Ça fait un bail (presque 9 mois) que je n’ai pas écrit par ici.
À toutes les personnes qui s’y sont inscrites depuis, bienvenue ! Je vais me charger de vous écrire des articles de qualité, qui viennent du fond de mon petit cœur et d’une réflexion féministe qui m’habite tous les jours.
Pour les personnes qui sont là depuis plus de 9 mois, full plaisir de vous retrouver ici.
Parce que j’estime que le consentement ça a aussi lieu dans nos boites mails, si tu n’as pas/plus envie de me lire, je t’invite à te désabonner. Je ne le prendrais pas personnellement (people pleasing is derrière nous).
Avant dernière chose avant d’explorer le sujet du jour, j’ai changé de plateforme. Je suis maintenant sur Substack. C’est une plateforme qui a un coté un peu plus blogging que l’ancienne plateforme que j’utilisais. Tu pourras retrouver tous mes écrits dessus et tu peux même m’y soutenir financièrement en prenant un abonnement à La Dose (à partir de 5€ par mois).
Enfin, dans cette nouvelle version, tu pourras retrouver trois parties :
- une chronique, un vécu, une conversation ou une pensée que j’ai eu ou entendu, qui amène à une réflexion plus poussée.
- des questions pour que toi-même tu puisses cultiver cette réflexion (partage moi tes réponses, engageons la conversation, créons une relation à travers internet !)
- des recommandations, écrites, audio, visuelles, de tous types. Celles qui m’inspirent, que je trouve utiles, intersectionnelles et qui amènent du plaisir dans nos vies !
Voilà, tu sais tout. Je m’arrête la pour l’intro et je te laisse avec la suite de La Dose, et le sujet piquant du jour.
👽 La chronique : “casse lui les épaules”
Ce weekend, je suis allée voir un match de foot dans lequel jouait une amie.
Au bord du terrain, je parlais avec une de mes potes qui est photographe. Elle me partageait une anecdote vécue sur le shooting d’une marque qui l’a écoeuré.
Avec deux mecs qui s’occupaient de la DA, elle s’est occupée de la partie retouche. Cela consistaient massivement à gommer des zones du corps des mannequins (le contraire aurait été étonnant) et les modeler de manière à ce qu’elles ne soient plus qu’un morceau d’elles.
En gros, les retoucher jusqu’à en faire un objet dessiné par le regard masculin.
Ce qui l’a particulièrement écœurée, c’est une phrase entendu plusieurs fois et qui symbolise tellement ce que la culture patriarcale attend des meufs : « casse lui les épaules, là. Il y a trop d’épaule, faut les casser ».
N’est-ce pas merveilleux d’imaginer un monde dans lequel nos épaules posent problème ?
Faisons un point sur l’expression avoir les épaules pour.
Cette expression veut dire : supporter une épreuve, avoir suffisamment de force, d’énergie ou de moyens financiers pour faire face à telle ou telle épreuve (source wikipedia).
Donc qu’est-ce qu’il se passe si on nous enlève nos épaules ?
Plus de force, plus de courage, plus d’énergie, plus de moyen pour faire face à la vie. En tout cas, plus capable de le faire seul•e, on doit alors trouver des épaules ailleurs.
Des grosses épaules carrés qui vont pouvoir nous protéger, qui vont pouvoir porter les trucs trop lourds pour nos bras si fragiles, qui vont avoir le courage de traverser la vie sans se questionner sur leur capacité à être.
(Passons le fait que ces épaules là ne sont apparemment pas en mesure de gérer correctement des tâches toutes simples du quotidien et qu’elles aient bien besoin de nos bras et accessoirement de notre espace mental pour y arriver.)
Cette phrase « casse lui les épaules » est loin d’être minime et je ne pense pas que ces deux types s’en rendent compte. Elle symbolise l’ambiance dans laquelle on grandit toustes : meuf t’aura jamais les épaules pour (sens propre comme figuré) et, si tu en as, le système veillera à te les enlever d’une manière ou d’une autre.
Alors bien sur ce genre de choses me vénèrent. Et je sais que si tu me lis toi aussi.
J’en ai ras le cul des privilèges masculins et de ceux qui ne font rien pour équilibrer la balance. J’en ai marre de voir qu’on doute, qu’on se pose des questions, qu’on n’ose pas, qu’on se sente diminué•e et incapable. Je suis saoulée de voir que la tâche ne nous est pas du tout facilitée puisqu’on nous enlève nos épaules dès la naissance (si ce n’est avant, merci les gender reveal of shit).
Ça me fatigue, et en même temps m’impressionne, de voir que malgré ce sexisme ambiant, on est vraiment costaud et on en fait déjà beaucoup.
Qui a les épaules d’encaisser des remarques non sollicitées dans la rue, dans les bars, au bureau, dans un ascenseur ?
Qui a les épaules de s’en remettre ou en tout cas de vivre avec des traumas après avoir subit des agressions ou des violences ?
Qui a les épaules de tout gérer à la maison pendant que les épaules carrées « donnent un coup de main » après avoir été invité à le faire ?
Qui a les épaules de s’habituer à des douleurs chroniques années après années parce qu’il y a errance médicale dès qu’il s’agit de problématiques « féminines » ?
Qui a les épaules de s’occuper de la charge émotionnelle et de la communication dans une relation hétéro ?
Alors j’étais là au bord du terrain, en train d’imaginer deux vieux gars équipés d’un marteau et d’un burin qui cassaient les épaules de ces mannequins.
Devant les yeux, j’avais des meufs méga stock, épaules carrés, cuisses massives qui s’organisaient sur le terrain pour gagner ce match et qui en aurait fait trembler plus d’un. C’était magnifique !
Et puis à coté de moi j’avais mes potes, en train de se marrer, méga fortes de vivre dans un monde qui les invitent tous les jours à douter d’elles-mêmes et de leur capacité. Tout autant magnifique !
J’avais la preuve du contraire.
J’avais la preuve que même si on nous gomme les épaules, on est solide.
Que, même si parfois on se croit incapable d’y arriver, on l’est.
Que, comme pour tout le monde, avec un apprentissage, de l’entraînement et du soutien, on peut arriver à faire beaucoup de choses ET qu’on en fait déjà énormément.
Pour terminer, je t’invite à faire deux choses aujourd’hui.
First, je t’invite à répondre aux questions introspectives que je glisse juste après. Questionner notre socialisation genrée, c’est le premier pas vers plus de liberté et se faire plus de place.
Ensuite, va voir du foot joué par des meufs (ou tout autre sport plus souvent joué par des mecs). Ça remet notre cerveau en place niveau complexe d’infériorité, c’est beau et ça donne un grand sentiment de force collective.
🐩 Les questions introspectives
Pour répondre à ces questions, écris sans réfléchir ce qui vient sur un carnet ou feuille volante. Ne cherche pas à faire une belle réponse, un beau texte, le but c’est juste d’exprimer ta réflexion sur le sujet.
Si tu es ok de me partager tes réponses, tu peux le faire par retour de mail (j’adorerai échanger la dessus).
Qu’est-ce que tu aimerais faire mais que tu n’oses pas car « tu n’as pas les épaules pour » ?
Sur quoi se base cette pensée ? Qu’est-ce qui te dit que tu n’en es pas capable ?
Quelle nouvelle construction tu peux bâtir pour cultiver le fait que, oui tu en es capable (même si cela demande un entrainement/apprentissage)
Tu peux prendre 10 minutes pour le faire maintenant. J’ai conscience qu’on a toustes des centaines de sollicitations par jour qu’on enregistre pour plus tard.
Ce qui est fait n’est plus à faire !
💦 Les recommandations
Une série : A league of their own
Ça se passe dans les années 40 aux États-Unis. On assiste à la création d’une des premières équipes de baseball féminin. Ça parle de genre, de race, de classe, de privilèges et d’amoooour queer. J’ai adoré cette série ! Elle fait du bien, propose un casting plutôt diversifié et aborde des questions d’actualité avec beaucoup de lol.
Un livre : La parabole du Semeur
Chloé vas tu proposer autre chose à lire que Octavia Butler ?
Non, pas tant que chacun•e d’entre vous ne l’ait lu. Ce livre est génial, j’en parle tout le temps. C’est un roman d’anticipation, ça se passe sur la côte ouest aussi au États-Unis. C’est la merde dans le monde, les gens pètent des plombs en cherchant à survivre et la protagoniste garde la foi en la vie. Elle nous embarque même dans des histoires d’amour et d’amitié sincères, tout en nous racontant une poésie courageuse. Go lire Octavia Butler !
Une vidéo : un de mes réel sur insta
J’y partage un outil que j’utilise souvent pour contrer les moments où je doute de moi et où je m’empêche de faire des choses. Approuver par les personnes avec qui je travaille et celles de ma commu ! Tu peux le trouver par ici
J’espère que cette première version de La dose t’a plu.
Promis, elles ne seront pas toutes aussi longue et arriveront dans tes mails environ deux fois par mois.
J’en profite aussi pour te parler de la prochaine retraite que j’organise sur le thème de la créativité. Elle a lieu en Avril, tu peux retrouver toutes les infos par ici et par là. Le tarif early bird se termine dimanche, après cela augmentera un peu. Si tu veux te joindre à une troupe féministe pour kiffer et explorer ta créativité, c’est là-bas que ça se passe !
Enfin, merci de m’avoir lu jusqu’ici. Le people pleaser en moi aimerait bien savoir ce que tu en as pensé et quelle réflexion tout cela t’a amené. Ton retour sera bienvenu.
Je te dis à bientôt, prends soin de toi et de tes épaules.
You rock 🤝